Les pesticides coûtent plus d’argent qu’ils en rapportent
Des scientifiques proposent une première évaluation des coûts cachés des pesticides. En prenant en compte leur impact sur la santé, l’environnement et la réglementation, ils estiment que les pesticides coûtent plus d’argent à la société qu’ils n’en rapportent en accroissant les rendements agricoles.
Ainsi, le coût sanitaire des pesticides est dix fois plus élevé si les dépenses de santé liées sont prises en compte. En 2005, pour les Etats-Unis, les chercheurs estiment que les pesticides ont provoqué 15 milliards de dollars de dépenses de santé alors que jusqu’à présent leur coût sanitaire était évalué à 1,5 milliard de dollars. Cette somme englobe la médecine préventive et la prise en charge de maladies telles que le cancer.
Ces chiffres sont cités dans le cadre d’une étude sur les impacts économiques globaux des pesticides, publiée dans la revue Sustainable Agriculture Reviews par D. Bourguet et T. Guillemaud, chercheurs à l’INRA (Institut national de recherche agronomique). Ils ont analysé 91 études publiées depuis les années 1980. Les scientifiques ont distingué 4 types d’impact des pesticides qui constituent des coûts cachés qui ne sont payés ni par le producteur des pesticides ni par le consommateur. Il s’agit des impacts environnementaux (dégradation des sols, pollinisation), sanitaires (frais de santé associés), réglementaires (recherche, suivi et contrôle des substances) ainsi que des frais d’évitement (dépenses des ménages dans les produits issus de l’agriculture biologique). De leur étude, il ressort que la grande diversité de ces coûts est plus importante que ce que rapportent les pesticides en termes de productivité et de revenu. En économie, ces coûts cachés sont aussi appelés « externalités négatives ».
Par ailleurs, aux Etats-Unis, la totalité de ces coûts s’élevait à 40 milliards de dollars dans les années 90, contre 27 milliards de bénéfices. « La très grande variété des coûts peut expliquer pourquoi aucune analyse n’a à ce jour pris en compte la palette entière dans le calcul », estime T. Guillemaud. Une étude qui ouvre « une boîte de Pandore », selon la chercheuse Marion Desquilbet, mais qui ne prend pas en compte les « externalités sociales liées à l’utilisation des pesticides et qui jouent sur la taille des exploitations, l’emploi et le tissu social », regrette-t-elle.
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